Naim Chidiac

Être suspendu à un hélicoptère qui traverse à grande vitesse les dunes baignées par le soleil de la péninsule Arabique pourrait être une aventure réservée aux espions héros des thrillers hollywoodiens. Mais pour le photographe de sports extrêmes Naim Chidiac, qui couvre régulièrement des courses automobiles dans le désert, il s'agit d'une journée de travail comme les autres.

Même lorsque vous photographiez depuis le ciel, vous devez rester calme et vous rappeler des fondamentaux de votre métier. « J'essaie de réaliser mes photos de multiples façons », explique Naim. « D'observer les lignes, les orientations et les compositions. Ces éléments sont essentiels : même lorsque vous vous trouvez à bord d'un hélicoptère à haute vitesse, vous devez être capable de vous en souvenir. »

Naim a été longtemps passionné de sports extrêmes, et a régulièrement participé à des compétitions de ski et de planche à voile. Naturellement, ses deux passions ont fini par se rejoindre, et il a commencé à capturer des images dynamiques de ses amis et collègues sportifs. Tout en gagnant en confiance, il a l'idée de contacter le sponsor de sports extrêmes Red Bull pour leur proposer de photographier ce type d'évènements en tant que professionnel.

« Cela m'a pris plusieurs années pour les convaincre », se remémore-t-il. « Entre un an et demi et deux ans ; je leur envoyais mon numéro toutes les deux semaines. » Au bout de quelque temps, il reçoit un appel de Red Bull Liban pour lui proposer de photographier une compétition de sports extrêmes incluant une course de fond, une course à vélo et une course en kayak. « C'est une histoire assez drôle », se souvient-il. « J'étais censé m'occuper uniquement de la partie course, mais finalement, j'ai également photographié la course à vélo. J'ai arrêté une voiture en stop sur la route, le chauffeur a accepté de me prendre et j'ai même réussi à photographier l'arrivée des kayaks. »

Naim se fait remarquer grâce à son caractère entreprenant et réussit à poursuivre son travail pour Red Bull, même après avoir quitté le Liban pour s'installer à Dubaï. Il poursuit la photographie, couvre davantage d'évènements et son travail est remarqué par Red Bull Autriche, qui lui propose de venir à Fuschl pour un stage de six mois. Il accepte sans hésiter. « Après mon séjour en Autriche, j'ai passé six mois supplémentaires à voyager dans toute l'Europe pour couvrir de grands évènements », poursuit-il.

La passion de Naim l'amène toujours à découvrir de nouvelles choses. En plus de son travail dans le domaine des sports extrêmes, il se lance dans la photographie publicitaire, domaine pour lequel il photographie des campagnes pour des légendes du sport telles que Lionel Messi ou encore Cristiano Ronaldo. « Je me lance et j'apprécie l'instant T », explique-t-il. « J'aime photographier tous types de domaines. J'adore mon travail. »

Vous avez dit que « l'adrénaline vous aidait à rester sur le qui-vive ». Pouvez-vous développer ?

« Je suis le photographe officiel du Rallye Dakar et j'ai vécu un évènement l'année dernière qui m'a fait monter les larmes aux yeux. C'est dans ce type de moments que je remercie Dieu pour tout ce que j'ai la chance de vivre. Nous suivions un véhicule de course, à bord d'un hélicoptère qui volait bas au-dessus de lui, et j'étais suspendu à l'extérieur à l'aide d'un harnais. Nous volions à grande vitesse, contournant d'impressionnants rochers. Au détour d'un virage, j'aperçois des personnes qui grimpent sur les rochers, au-dessus et en dessous de nous. Je pouvais les entendre encourager les participants. J'ai ressenti une intense émotion. L'adrénaline vous encourage à rester sur le qui-vive car vous êtes tellement fasciné par ce qui se passe autour de vous que vous ne voulez rien rater. ».

Est-ce difficile de capturer des images nettes et dynamiques tout en étant suspendu à l'extérieur d'un hélicoptère qui vole à grande vitesse ?

« C'est très effrayant à cause de la vitesse impressionnante et tout ce qui se passe autour, mais je me concentre uniquement sur mon appareil photo. L'hélicoptère manœuvre de gauche à droite très rapidement ; vous vous retrouvez face au sol, puis face au ciel en l'espace d'une seconde. Je me concentre uniquement sur mon viseur, mais l'adrénaline est toujours présente. J'ai souvent la chair de poule lorsque l'hélicoptère se pose au sol. »

Suivez-vous un processus différent lorsque vous photographiez pour des agences de publicité ?

« Pour la publicité, j'ai cinq ou six créations et clients pour lesquels je dois réaliser des livraisons rapides. Impossible de faire des essais ; je dispose en général de 5 minutes, parfois 10, pour réaliser un tournage publicitaire pour la télévision, car c'est la vidéo qui est prioritaire, et non et les photos. Ce type de travail ne laisse pas la place aux essais et aux erreurs : vous devez savoir ce que vous faites. »

Quelle serait la commande de vos rêves ?

« Je rêvais de travailler pour Netflix, et c'est désormais le cas ! Je suis sur la série « Formula 1 : Pilotes de leur destin". »

« Devenez l'assistant d'un professionnel, faites preuve de patience, et vous apprendrez beaucoup. Vous devez être prêt à faire des sacrifices . j'ai passé 10 ans de ma vie à porter 7 ou 8 sacs, à aider les professionnels à installer les éclairages, et j'ai appris la photographie à la dure. J'ai appris à réaliser la photo idéale, plutôt que d'en réaliser des centaines et d'en choisir une. Apprenez à identifier avant d'appuyer sur le déclencheur : une fois que vous en serez capable, vous pourrez réellement faire vos premiers pas en tant que photographe. Mon conseil aux photographes débutants serait donc de commencer par travailler pour un professionnel et de sacrifier quelques années de leur vie pour devenir le photographe de leurs rêves. »

Instagram : @naimchidiac