Daniel Ehimen

Le réalisateur et directeur de la photographie Daniel Ehimen vit et travaille à Lagos, au Nigeria. Son répertoire comprend des longs métrages, des émissions de télévision et des courts métrages. Il est fier de pouvoir affirmer qu'il n'a pas à son actif deux œuvres qui se ressemblent.

Toujours à la recherche du prochain défi et confiant dans sa capacité à surmonter tous les obstacles qui se dressent sur son chemin, Daniel incarne l'esprit « Nollywood » qui, en quelques décennies, a permis au Nigeria de devenir l'un des pays les plus influents du monde dans le domaine du cinéma.

Un jour, Daniel est passé de l'argentique au numérique et a acheté un appareil photo Canon EOS 7D. « À ce moment-là, mon intérêt pour la photographie a pris énormément d'ampleur », explique-t-il. « J'ai acquis beaucoup plus de connaissances parce que je pouvais apprendre par essais et erreurs, sans dépenser une fortune en pellicules, et l'Internet est devenu un outil d'apprentissage beaucoup plus accessible. »

Daniel a commencé à gagner sa vie en tant que photographe de mode et de beauté, en sélectionnant des images qui correspondaient aux demandes de ses clients. Un jour, il a pris conscience que les compétences nécessaires pour les deux supports étaient interchangeables et il s'est donc lancé dans la réalisation de films. « Je savais que je pouvais créer de belles compositions et j'ai fini par comprendre qu'au lieu de filmer une seule image, je pouvais filmer 24 images par seconde et créer une image en mouvement », explique-t-il. « C'est à ce moment-là que je suis tombé amoureux du cinéma, et je le suis toujours. »

Daniel a d'abord étudié la biochimie à l'université de Bénin mais, après s'être découvert une passion pour les arts visuels, il s'est inscrit à un cursus de réalisation de films. Son mentor était le directeur de la photographie américain Shane Hurlbut. « J'ai beaucoup appris de Shane », dit-il. « Il n'a pas peur de s'impliquer et m'a donné un accès sans précédent à ses méthodes pendant cinq ans, ce qui m'a appris à prendre confiance en mon intuition. »

Parallèlement à son travail sur des longs métrages primés, des publicités pour des marques internationales et des courts métrages indépendants (dont Ba Ni, dont vous pouvez voir un court extrait ci-dessus), Daniel investit également du temps dans la formation d'un groupe de cinéastes animés par les mêmes idées. Il considère qu'il est de son devoir de partager ce qu'il a appris afin de faire progresser tous ceux qui l'entourent, approche qui a fait de lui une figure incontournable de la scène cinématographique de Nollywood.

Quel était le sujet de votre premier film ?

« Il s'intitulait "A Father's Confession" et racontait l'histoire d'un père qui s'autorise à être vulnérable face à son fils. Mon père était un officier militaire et la difficulté de s'ouvrir à ses émotions était donc un thème qui me tenait à cœur. Lorsque j'ai trouvé les bonnes personnes pour jouer les rôles, j'ai su que je voulais raconter cette histoire. Le tournage de ce film a tout changé pour moi, car c'était la première fois que je comprenais vraiment comment utiliser une caméra pour donner vie à un sujet complexe. J'ai tout tourné avec mon Canon EOS 7D, avec très peu de matériel ou d'accessoires supplémentaires. Je n'avais pas de financement ; je savais juste que je voulais raconter l'histoire, alors j'ai utilisé les ressources à ma disposition. Mon travail de cinéaste a beaucoup évolué depuis, mais j'espère que le film inspire les parents à prendre plus de temps pour comprendre leurs enfants et montre l'importance de s'ouvrir à eux. Je suis sûr que cela fera de moi un meilleur père pour mes propres enfants un jour. »

Qu'est-ce qui vous inspire ?

« Mes sources d'inspiration sont les gens qui m'entourent et le pays dans lequel je vis. Le Nigeria compte 525 langues et chaque personne a sa propre histoire qui ne demande qu'à être racontée. Notre culture est si riche que je vois Lagos comme un volcan en constante éruption. Tout est chaotique, rien n'est sûr et il y a énormément d'incertitudes. Vivre dans un tel environnement engendre une grande responsabilité : tracer sa propre voie. C'est ce qui m'inspire et me donne du courage. »

Qu'aimeriez-vous accomplir dans votre carrière ?

« Je n'en suis qu'au tout début de mon parcours. Tout le travail que j'ai fait jusqu'à présent a des défauts, mais je suis fier de ceux-ci en raison de l'honnêteté qu'ils dégagent. Ils sont fidèles à la nature de la personne que j'étais à l'époque et ils font partie de mon histoire, celle d'un apprentissage et d'un dépassement. Mon rêve pour l'avenir est de créer un écosystème qui aide les autres à surmonter les obstacles que j'ai rencontrés au début. »

« Il y aura toujours quelque chose qui se mettra en travers de votre chemin, mais la seule façon de perdre est d'abandonner. Continuez à vous battre, restez dans le jeu et considérez chaque revers comme une occasion d'apprendre et d'évoluer. Échouez rapidement, profitez-en, puis allez de l'avant en tirant les leçons qui s'imposent. Lorsque vous êtes déjà au sol, vous ne pouvez pas aller plus bas. Il ne vous reste plus qu'à remonter la pente. Mon attitude est toujours de me demander ce qui peut arriver de pire. J'aborde la vie avec beaucoup d'intensité et sans peur de l'échec. »

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