Voici à quoi ressemblent des cordes à linge suspendues au milieu des bâtiments détruits par les bombardements, dans une rue d'Alep en Syrie. Le linge suspendu semble incongru parmi les décombres, mais il a une fonction cruciale. « Il permet à la population de traverser les rues sans que les snipers ne les voient », explique le photographe de guerre et ambassadeur Canon, Jérôme Sessini. « Il y a des draps, des rideaux, des bâches en plastique, tout ce qui peut permettre de se cacher. » Ils reflètent de façon étrange l'atmosphère familiale, en décalage total avec une zone de guerre, nous rappelant ce qu'était la vie avant que le conflit syrien n'éclate.
L'image, comme de nombreuses photos de la série de Jérôme, intitulée Les rues d'Alep, nous raconte une histoire incroyable de la guerre civile en Syrie, sans intégrer aucun individu dans le cadre. Les photos, réalisées en février 2013 et exposées à l'occasion du festival de photojournalisme Visa pour l'Image cette même année, ne ressemblent pas du tout à la plupart des couvertures du conflit observées dans les médias grand public. Plutôt que de se concentrer sur les combattants, cette série photographique privilégie les rues de la ville.
Ce n'est pas la première fois que Jérôme raconte des histoires de rues. Qu'il s'agisse de reportages sur la violence liée au trafic de drogue au Mexique, ou sur les manifestations qui ont embrasé la place de l'Indépendance à Kiev, en Ukraine, le photographe de l'agence Magnum apporte un éclairage sur les conflits dans le monde. Dans cet article, il nous parle de l'approche différente qu'il a adoptée pour photographier les rues d'Alep.