Dans ses portraits et ses documentaires de longue date, Annika Haas capture des images visuellement poétiques. Ces images sont également un moyen pour la photographe estonienne primée d'en apprendre plus sur elle-même et sur les communautés qu'elle met en scène. « J'étais plutôt réservée sur le plan social et je restais même à l'écart des gens, mais c'est par l'observation à travers mon appareil photo que j'ai trouvé du courage », explique Annika, en repensant à ce que la photographie lui a appris.
Pour Annika, tout a commencé à l'âge de 13 ans, quand ses parents lui ont offert un appareil photo pour son anniversaire. Née à Tori-Jõesuu, village du parc national de Soomaa dans le Sud-Ouest de l'Estonie, Annika ressentait l'appel du milieu sauvage qui l'entourait. « Il m'a semblé tout à fait naturel de capturer les scènes représentant la nature et les habitants de la région », explique-t-elle.
Son premier appareil photo Canon était le réflex Canon EOS 3 35mm. À ses 19 ans, Annika a commencé sa carrière de photographe dans la presse régionale. « Au début des années 1990, ma première photo a été publiée dans un journal local et j'en étais très fière. J'ai alors décidé que mon avenir serait lié à la photographie. » Annika a ensuite publié son travail dans le New York Times, le Washington Post, Der Spiegel, Monocle, le San Francisco Chronicle et LensCulture. Ses photos ont également été présentées dans des expositions du monde entier.
Annika Haas
Annika s'est initiée à la photographie documentaire lors de ses études dans les langues finno-ougriennes de l'Université de Tartu. Elle a suivi un cours de photojournalisme en parallèle de ses études à l'École d'art de Tartu (aujourd'hui l'Université des sciences appliquées de Pallas), ce qui a renforcé son intérêt. Elle s'est par la suite intéressée aux villages locaux.
« J'ai exploré les environs à proximité de Tartu et j'y ai découvert trois villages très intéressants peuplés d'orthodoxes vieux-croyants, où l'atmosphère est totalement différente de celle d'autres lieux en Estonie », explique-t-elle. « J'ai commencé à me rendre chaque été dans ces villages pour photographier et interviewer des gens. J'ai vraiment aimé ce genre de projet de photographie à long terme. »
Annika s'est faite remarquer auprès de l'Estonian Express grâce à ses photos ; elle a commencé à travailler pour eux, ce qui a lancé sa carrière de photographe. Elle a ensuite travaillé à son compte pour d'autres journaux et magazines, puis pour le président estonien Toomas Hendrik Ilves, pour lequel elle a couvert des conférences internationales. Depuis 2018, Annika est professeur à la Estonian Academy of Arts (Académie des arts d'Estonie) et depuis 2020, elle travaille en tant que conservatrice au Museum of Photography (Musée de la photographie) de Tallinn, en Estonie.
Domaines de prédilection : portrait, documentaire, paysage
Équipement de prédilection : Canon EOS 5D Mark III (désormais remplacé par le Canon EOS 5D Mark IV)
Le travail d'Annika avec les communautés a également permis de mettre en lumière les Roms d'Estonie, un groupe minoritaire avec lequel elle est entrée en contact à la fin des années 1980, et a contribué à éliminer les idées reçues. « J'ai commencé ce projet pour que la société de manière générale surmonte sa peur envers la communauté des Roms », ajoute-t-elle. « Ainsi, pour savoir comment et pourquoi démarrer un projet, j'ai toujours eu besoin d'être poussée d'une certaine manière par une émotion ou un sentiment. »
Selon Annika, si l'on veut pouvoir s'immiscer dans des communautés comme celle-ci, il faut d'abord montrer que nos intentions sont honnêtes et que nous souhaitons apprendre. Une image tirée lors de son travail documentaire compte parmi les « Best Estonian Press Photos 2013 » (meilleures photos de la presse estonienne pour l'année 2013), sur décision de « The Estonian Newspaper Association » (l'Association de journaux estoniens).
Le projet d'Annika, Anatomy of the Estonian Muslim Community (Anatomie de la communauté musulmane estonienne), s'est basé sur les mêmes motivations afin d'obtenir des informations par le biais de portraits documentaires et a donné lieu à une exposition instructive. « J'ai décidé de montrer le visage réel de la communauté musulmane en Estonie et mon objectif était de témoigner du fait que votre nature, couleur de peau ou appartenance religieuse ne définissent pas qui vous êtes », explique-t-elle. « J'apporte toujours une thématique éthique à ma photographie. »
Le sens moral présent dans son travail inclut également des questions environnementales, comme en témoigne son projet Greenhouse Effect (Effet de serre), une étude photographique à long terme de quatre ans représentant la jeune génération d'Estonie, âgée entre 12 et 21 ans, qui s'attaque à l'exploitation de la nature et à la surconsommation des ressources terrestres.
« Il me reste peut-être un peu de cette naïveté, cet espoir de pouvoir changer le monde par la photographie », conclut Annika. « Mon travail traite de thèmes importants et j'apprécie vraiment ce lien toujours présent entre la photographie et la poésie. »
Quelle a été la clé pour que votre travail soit présenté dans de nombreuses publications prestigieuses ?
« Si vous voulez devenir une « voix », il est important de montrer votre travail. Il suffit simplement de commencer à établir des contacts. Avec un peu de chance, il y a toujours des gens qui seront sensibles à ce que vous leur apporterez, c'est pourquoi il est important de les trouver et de nouer des liens avec eux. J'ai commencé par des concours. J'ai connu le succès au début même de ma carrière. J'ai remporté un grand concours international de photographie sur l'identité visuelle estonienne. Les photos sont partout aujourd'hui, c'est pourquoi les concours sont si importants pour les photographes. Si vous avez un message à faire passer, essayez-vous à la photo. »
Quel est l'accomplissement dont vous êtes la plus fière ?
« Lorsque je vois que mon travail touche vraiment le public qui assiste à une exposition, ou lorsque j'agis pour le bien. Le plus important est de savoir si une personne se sent touchée par ma création d'une manière ou d'une autre. »
Quels ont été les photographes et les artistes qui vous ont le plus inspirée et pourquoi ?
« Il faut trouver sa propre voie. D'après moi, copier quelqu'un, ce n'est pas la bonne voie. Il y a toujours des gens qui seront influencés par votre art. »
Qu'avez-vous appris sur vous-même à travers votre propre objectif au fil des ans ?
« Par-dessus tout, la photographie m'a appris l'empathie et m'a donné une vision. Pour voir, il faut tout d'abord observer et être ouvert d'esprit. « Passer de l'observation à la vision » : voilà ma plus grande découverte, ce qui m'a fait évoluer le plus. Quelle importance cette mission revêt-elle pour vous ? Alors que l'observation est momentanée et limitée, la vision, elle, naît d'associations et de connexions. Ce qui est vraiment paradoxal, c'est que j'ai appris cette leçon auprès des personnes aveugles avec lesquelles j'avais lancé un projet. »
Ce que je sais
Annika Haas
« Avant d'appuyer sur le déclencheur de l'appareil photo, je porte plus attention au contenu qu'à l'analyse des caractéristiques techniques de l'image. La théorie de Henri Cartier-Bresson sur le « moment décisif » a été intégrée à ma pratique photographique ; non pas lorsque j'utilise des techniques photographiques pour obtenir une image visuellement efficace, mais afin de créer un contexte significatif pour l'image. Réfléchissez à ce que vous devez dire aux autres et à la façon dont votre message touche les sens du spectateur et le fait réagir en le poussant à devenir meilleur pour lui-même et pour les autres. »
Instagram : @annikahaasPhotography
Site Web : foku.ee/member/annika-haas/
L'équipement d'Annika Haas
Kit utilisé par la plupart des photographes professionnels
Appareil
Canon EOS 5D Mark IV
Le successeur de l'appareil photo préféré d'Annika dispose d'un très beau design et est incroyablement polyvalent. « Cet appareil est facile à manipuler, je peux l'utiliser les yeux fermés et toutes les fonctions sont véritablement logiques et répondent à mes besoins en photo », explique-t-elle.
Canon EOS 3
« J'ai travaillé avec cet appareil photo pour un journal avant l'apparition des appareils photo numériques. »
Objectifs
Canon EF 50mm f/1.4 USM
Avec sa grande ouverture maximale et son système de mise au point rapide, l'objectif standard EF 50mm f/1.4 USM, compact et hautement performant, assure des performances étonnantes, quel que soit le motif ou le sujet photographié. « J'adore cet objectif fixe en raison du confort de sa petite taille et de sa légèreté, ainsi que de sa sensibilité à la lumière », nous explique Annika. « Les modèles ne sont pas mal à l'aise face à cet objectif, car il n'est pas aussi intrusif qu'un téléobjectif. »
Canon EF 135mm f/2L USM
L'EF 135mm f/2L USM est un téléobjectif rapide, léger et de grande qualité. Il est idéal pour les sports en salle avec prise de vue en basse lumière, ainsi que pour les portraits. « Cet objectif est ce qui se fait de mieux pour les portraits », indique Annika. « La qualité du résultat est incroyable : la profondeur de l'image est captivante, tout comme la clarté de l'objet et les nuances détaillées. »
Canon EF 16-35mm f/2.8L II USM
Un zoom optique ultra grand angle rapide donnant des performances optiques exceptionnelles sur l'ensemble de la plage focale. « Pour moi, c'est un objectif qui s'utilise dans les espaces exigus », ajoute Annika.
Canon EF 24-70mm f/2.8L II USM
Le successeur de l'objectif qu'Annika utilise est un zoom professionnel de série L pour une utilisation quotidienne qui produit des images de haute qualité avec une ouverture constante de f/2,8. « Un objectif pour chaque situation », déclare Annika.
Canon EF 70-200mm f/2.8L IS USM
L'EF 70-200mm f/2.8 L USM est un télézoom de qualité professionnelle, à grande ouverture. Il séduira les photographes naturalistes et sportifs, ainsi que ceux spécialisés dans les photos de mariage et les portraits. « J'utilise cet objectif principalement pour les évènements où je ne peux pas me rapprocher du sujet que je photographie, et parfois aussi pour les portraits », dit Annika. « Cela me permet de créer des images authentiques à partir d'une personne à distance. »
Accessoires
Canon Speedlite 600EX-RT
Un puissant flash adapté aussi bien à une utilisation interne qu'externe. Le déclenchement radio intégré permet de contrôler les conditions d'éclairage à distance, dans un rayon de 30 mètres.
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