7. Les photojournalistes peuvent insuffler le changement
Bien loin de se résumer à une chasse aux histoires, le photojournalisme peut aussi aider les gens en révélant leurs véritables problèmes, comme l'a expliqué Stephanie Sinclair lors de la conférence Sem Presser. Lauréate du concours World Press Photo et du prix Pulitzer, la journaliste a partagé avec le public du festival son projet à long terme intitulé « Too Young To Wed » (Trop jeune pour se marier), qui expose le problème des fillettes forcées à se marier partout dans le monde. Face au déni des rédacteurs de magazines et des représentants du gouvernement américain, considérant le mariage de très jeunes filles comme marginal, Stephanie a consacré 15 ans de sa vie à ce projet destiné à leur prouver le contraire.
La photographe a rendu plusieurs visites à des jeunes filles forcées à se marier avant l'âge et immortalisé des enfants terrorisées à la veille de leur mariage, des fillettes maltraitées par leurs maris violents, des jeunes femmes qui se sont échappées pour rejoindre des refuges, des filles devenues mères avant même de développer un corps de femme, celles qui ont survécu à des sévices inimaginables et les courageuses femmes de la population locale qui s'efforcent de les protéger.
Ce projet photo de Stephanie s'est transformé en ONG, également appelée Too Young To Wed, qui a fait venir aux États-Unis les survivantes de ces mariages précoces pour partager leurs expériences devant le Congrès, dans l'espoir de faire bouger les choses. L'ONG a aussi organisé les Tehani Photo Workshops, des ateliers qui apprennent la photographie aux ex-victimes. « Le meilleur moyen d'aider ces filles est de leur redonner le contrôle de leur vie, car elles sont les mieux placées pour défendre leurs intérêts », a déclaré Stephanie au sujet de ce projet, qui a permis aux participantes de retrouver confiance en elles en acceptant ce qu'elles ont vécu et en nouant des amitiés précieuses. Lars Boering, directeur de la World Press Photo Foundation, a remis à l'ONG la somme de 1 000 € à la fin de la conférence, encourageant également le public à soutenir cette cause par des dons réguliers.